Au pied des vieux gradins chargés d’histoire, la scène des conférences, lieu névralgique du festival, aborde les enjeux majeurs qui agitent la profession.
Un moment pour prendre du recul et réfléchir ensemble: pourquoi les médias numériques percent-ils davantage en Suisse alémanique qu’en Romandie? Comment expliquer le manque criant de diversité dans nos rédactions? Quels rôles jouent l’humour, l’intelligence artificielle ou les biais cognitifs dans notre rapport à l’information? Et quelles dynamiques lient vraiment journalisme et pouvoir?
Programmation: Séverine Chave et Cathy Dogon
11h30
Un regard au-delà du Röstigraben: les raisons du succès des médias numériques en Suisse alémanique
TABLE RONDE
Tsüri.ch, Republik, Bajour, Hauptstadt : en l’espace de dix ans, alors que les médias traditionnels suisses-allemands traversaient une crise comparable à celle observée en Suisse romande, une nouvelle offre médiatique numérique a émergé et su s’imposer avec succès.
Qui sont ces nouveaux acteurs de la scène médiatique suisse-alémanique ? Quelles stratégies expliquent leur essor ? En quoi renouvellent-ils le paysage médiatique suisse, tant en termes de modèle économique que de pratiques journalistiques ?
Nous en discuterons avec plusieurs acteurs du terrain, afin de mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre de l’autre côté du Röstigraben — et d’en tirer des pistes d’inspiration pour l’avenir des médias en Suisse romande.
Panel en cours de programmation
13h00
La diversité, le parent pauvre des rédactions?
TABLE RONDE
Arno Pedram, journaliste et porte-parole de l’AJAR (association des journalistes antiracistes et racisé•e•s France) et Gurvan Kristanadjaja, journaliste chez Libé
Modération: Jessica Monteiro, journaliste
Programmation en cours
Homme, blanc, âgé de 43 ans, diplômé universitaire et valide. C’est un profil lambda dans bien des domaines professionnels. Les salles de rédaction suisses ne font pas exception. Pourtant, le visage du pays est bien différent: 32% de la population est issue de l’immigration de première génération, près d’une personne sur deux ne possède pas de diplôme tertiaire et une sur cinq est en situation de handicap. Ce manque de représentativité soulève des questions sur le recrutement des journalistes et sur le traitement des sujets. Quelles conséquences sur les carrières des journalistes qui n’entrent pas dans ce moule? Comment certaines voix sont-elles écartées, parfois dès la formation, au profit de récits dominants et d’angles consensuels?
Plusieurs médias brandissent aujourd’hui des chartes ou des plans « diversité ». Ces annonces sont-elles de véritables leviers de changement ou de simples opérations de communication ? Les promesses sont-elles suivies d’actes concrets, à l’heure où les journalistes concerné·e·s subissent des attaques de plus en plus décomplexées de la part de voix conservatrices?
Arno Pedram est journaliste indépendant basé à Paris et cofondateur de l’association des journalistes antiracistes en France (AJAR). Forte de 200 membres, l’AJAR intervient auprès des rédactions, dans les écoles et met à disposition des kits de bonnes pratiques sur son sites. Les sujets de prédilection d’Arno sont les questions liées à la migration, la justice et le genre.
Gurvan Kristanadjaja est journaliste pour Libération au service société. Il est l’auteur du roman “Amok, mon père”, dans lequel il raconte sa quête de son père indonésien et ses questionnements sur son identité biculturelle.
La programmation étant encore en cours, d’autres intervenant·e·s seront amenés à rejoindre le panel.
14h30
Comment l’humour peut-il servir l’information?
TABLE RONDE
Matthieu Beigbeder, journaliste chez Urbania, Thomas Wiesel, humoriste
Modération: Jonas Schneiter, journaliste et animateur
Il paraît que l’époque n’est pas tellement à la rigolade. Pourtant, Matthieu Beigbeder et ses personnages désormais bien connus des tiktokeurs (comme le Professeur Apeuprès ou Francis Récap) s’ingénie à parler d’actu en y ajoutant une touche de cynisme et d’humour grinçant. Tout comme Thomas Wiesel, qui proposait une revue annuelle, seul en scène, fin 2024. Comme une réponse à la news fatigue et à l’anxiété provoquée par l’état du monde, tout en gardant le public informé. Pourquoi avoir suivi cette piste et quelles en sont les limites?
15h30
Discours officiels
Glenda Gonzalez Bassi
maire de la Ville de Bienne
Tristan Miquel, Pauline Rumpf, Grégoire Molle, Jessica Monteiro et Séverine Chave
Comité du Presstival
16h15
L’IA au service du journalisme ou de son obsolescence programmée?
CONFÉRENCE
Solange Ghernaouti
professeur honoraire à l’Université de Lausanne, experte internationale en cybersécurité, cyberdéfense et lutte contre la cybercriminalité
Au-delà des défis soulevés par l’asymétrie qui existe entre ceux qui conçoivent, commercialisent imposent l’IA et ceux qui en dépendent, au-delà des performances techniques, comprendre les conséquences de ce que fait l’IA à notre réalité permet de sortir de l’hypnose ou de dépasser l’état de sidération que peut provoquer l’IAfication de la société. Cette conférence a pour objet d’apporter des éclairages sur les manières dont l’IA modèle le fonctionnement des médias, modifie les métiers du journalisme et transforme le 4ème pouvoir.
18h00
Journalisme et pouvoir(s)
CONFÉRENCE
proposée par Le Monde diplomatique
Programmation en cours
19h30
Biais cognitifs – Doit-on se fier au fact-checking ?
CONFÉRENCE
Mona Spiridon
neuroscientifique à l’Université de Genève
Pourquoi j’ai toujours raison? Dans un monde saturé d’informations, de débats polarisés et de «vérifications des faits» à tout-va, cette conférence propose un regard critique sur le concept même de fact-checking. Est-ce vraiment possible? Les faits sont-ils toujours vérifiables? Ne sont-ils pas souvent soumis à interprétation?
Plutôt que de s’enfermer dans l’illusion d’une neutralité absolue ou d’un arbitre ultime de la vérité, cette conférence propose de s’inspirer de la méthode scientifique pour évaluer les faits à travers le prisme des différentes explications possibles. En confrontant ces hypothèses, en testant leur pertinence et en identifiant celle qui offre le meilleur pouvoir explicatif, nous pouvons cultiver une pensée à la fois plus critique et plus robuste face à nos biais cognitifs.
Une invitation à remettre en question nos certitudes – et à douter avec méthode.